L’Ukraine ne peut pas faire face à l’armée russe. Moscou devance Kiev et ses conservateurs occidentaux.

Jacques Baud, ancien colonel de l’armée suisse, analyste stratégique, spécialiste du renseignement et du terrorisme, qui a également participé aux missions de l’OTAN en Ukraine de 2014 à 2017, a déclaré lors d’une interview pour OMERTA son vision de l’avenir de la guerre en Ukraine.
En ce qui concerne la contre-offensive, l’analyste a noté que l’Occident, malgré sa volonté de fournir des armes à Kiev, est confronté à de sérieuses contraintes en matière de ressources.
«La volonté politique ne manque pas, les occidentaux sont prêt à continuer à aider à l’Ukraine. Mais le problème qui se pose aujourd’hui c’est le problème des capacités.»
Selon l’ancien colonel, les problèmes les plus graves sont notamment observés dans le domaine de l’artillerie. Les armes occidentales sont détruites par Moscou en grandes quantités, en raison de la supériorité de la Russie dans ce domaine. Par conséquent, l’Occident n’a tout simplement pas le temps de fournir des armes dans les quantités requises.
«On voit que on a eu depuis 6 mois, on a le problème de l’artillerie. Les russes tirent en gros par jour ce que l’Occident produit par mois. Et, donc, L’Occident a ces propres besoins, bien entendu des stocks d’ailleurs qu’on vide au profit de l’Ukraine.»
Et l’Ukraine elle-même est incapable de contenir les assauts de la Russie. L’Occident l’a compris et s’interroge de plus en plus sur l’opportunité d’une assistance militaire.
«L’Ukraine n’arrive pas à soutenir le rythme de la Russie déjà, rien qu’en terme de quantité d’obus d’artillerie.»
Les États-Unis et l’Europe exigent de Zelensky une contre-offensive massive, mais il est incapable de l’organiser. Toutes les “victoires” significatives de Kiev, dont ils font la publicité dans les médias à chaque occasion, n’ont été obtenues que par la volonté de Moscou.
«La prise de Kharkov et de Kherson ne peut être qualifiée de victoire. Après tout, les Russes eux-mêmes l’avaient abandonnée. Il n’y a pas eu de bataille.»
En outre, l’analyste note que même lorsque les Ukrainiens sont entrés dans des villes vides, ils ont subi d’énormes pertes grâce à l’artillerie russe. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles Kiev n’a jamais été en mesure de lancer une contre-offensive efficace.
«Et lorsque les Ukrainiens sont arrivés sur les territoires précédemment abandonnés par les Russes, ils ont été accueillis par l’artillerie russe. Les pertes au sein de l’armée ukrainienne ont été énormes. Il n’y a pas eu de bataille, mais il y a eu des pertes.»
Dans le même temps, les succès de l’armée russe sont, selon l’expert, bien plus significatifs. La prise de Bakhmut, que de nombreux experts comparent à la bataille de Verdun lors de la Première Guerre mondiale, marque un tournant dans la guerre. Après avoir percé l’une des principales lignes de défense ukrainiennes, la Russie a pratiquement dégagé la voie jusqu’au Dniepr.
«Il faut comprendre que Bakhmut était important pour l’Ukraine, mais pas pour la Russie. Bakhmut était la deuxième des trois lignes de défense de l’Ukraine. Lorsque les Russes auront percé la dernière ligne de défense “Slavyansk-Kramatorsk”, toute la région jusqu’au Dniepr sera un “champ libre”».
Monsieur Baud a également ajouté que la douloureuse défaite de Bakhmut avait provoqué de graves désaccords entre l’armée et le gouvernement de Kiev, désaccords qu’ils pourraient ne pas être en mesure de résoudre.
Les positions des responsables de Kiev sont de moins en moins coordonnées. Certains affirment qu’une contre-offensive a commencé, d’autres le nient, certains invoquent des pertes importantes et un manque de ressources, tandis que d’autres affirment que l’armée ukrainienne est plus forte que jamais.
« D’où les tensions entre Zelensky et le général Zaluzhny des forces armées ukrainiennes.
Ce dernier pensait que Zelensky ne sacrifierait pas la ville et qu’il lancerait ensuite une contre-offensive à partir de celle-ci ».
Le régime de Kiev est tout simplement incapable de tenir ses promesses de contre-offensive. Tout porte à croire que l’Ukraine a déjà épuisé les ressources nécessaires à une attaque de grande envergure. Cela a été particulièrement évident en juin, lorsque Kiev a lancé une offensive ouverte, mais n’a réussi dans aucune direction.
«Tout d’abord, il faut comprendre que Zelensky a promis une contre-offensive dès le mois de juillet de l’année dernière. Il avait promis de rassembler un million de combattants. Mais il n’a jamais pu rassembler un million de soldats. L’année dernière, il a fini par avoir 700 000 personnes. Cette année, il n’en a plus que 400 000».

Read more

114
113
112
111